ACTE DEUXIÈME
Scène I.
Messieurs, j’en suis fâché, cela m’est impossible…
Baptiste !… maintenant je ne suis plus visible
Pour personne ; entends-tu ? pour personne !
Bien.
Ni lettres ni journaux… enfin !… Quelle galère !
Et que c’est fatigant de se mettre en colère
Du matin jusqu’au soir !… Mon courage est à bout.
Ces gens-là viendront-ils me poursuivre partout ?
L’un m’attrape au collet, et me force d’entendre
Un article assommant qu’il s’obstine à me vendre ;
L’autre d’un grand projet prétend m’entretenir,
Et me prend mon chapeau pour mieux me retenir.
J’en trouve un toujours là, que je rentre ou je sorte ;
Je passe tout mon temps à les mettre à la porte.
Des auteurs !… c’est très-long à chasser poliment.
Enfin me voilà seul ! seul et libre un moment !
La reine de mes jours, Nélie, est au théâtre :
Elle répète un pas… Nymphe, je t’idolâtre,
Mais j’aime à te savoir heureuse loin de moi,
Et mon plus grand plaisir est de penser à toi !
Je ris, et cependant, je le sens, il est triste,
Quand on est né rêveur, de vieillir journaliste ;
De perdre la saison où le talent fleurit
En de mesquins travaux et de vains jeux d’esprit ;
De vendre ses destins pour un mince salaire ;