Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/145

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      Cette fable aisément s’explique :
      C’est la satire & la critique.



FABLE VI

Le Pacha & le Dervis


Un Arabe à Marseille autrefois m’a conté
      Qu’un pacha turc dans sa patrie
Vint porter certain jour un coffret cacheté
Au plus sage dervis qui fût en Arabie.
Ce coffret, lui dit-il, renferme des rubis,
      Des diamants d’un très grand prix :
      C’est un présent que je veux faire
      À l’homme que tu jugeras
      Être le plus fou de la terre.
      Cherche bien, tu le trouveras.
Muni de son coffret, notre bon solitaire
S’en va courir le monde. Avait-il donc besoin
                   D’aller loin ?
L’embarras de choisir étoit sa grande affaire :
Des fous toujours plus fous venoient de toutes parts
       Se présenter à ses regards.
       Notre pauvre dépositaire
Pour l’offrir à chacun saisissoit le coffret :
       Mais un pressentiment secret