Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais, par malheur pour moi, leur cœur n’est pas le tien.
À ce discours, la Timarette,
Dont le vrai nom étoit Fanchon,
Ouvre une large bouche, &, d’un œil fixe & bête,
Contemple le vieux Céladon ;
Quand un valet de ferme, amoureux de la belle,
Paraissant tout-à-coup, tombe à coups de bâton
Sur le berger tendre & fidèle,
Et vous l’étend sur le gazon.
Don Quichotte crioit : arrête,
Pasteur ignorant & brutal ;
Ne sais-tu pas nos lois ? Le cœur de Timarette
Doit devenir le prix d’un combat pastoral :
Chante, & ne frappe pas. Vainement il l’implore ;
L’autre frappoit toujours, & frapperoit encore,
Si l’on n’étoit venu secourir le berger
Et l’arracher à sa furie.
Ainsi guérir d’une folie,
Bien souvent ce n’est qu’en changer.




FABLE XX.

Le Voyage.


Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte,
Sans songer seulement à demander sa route,