Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/32

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qui, en conduisant naturellement les hommes à l’attention, à l’intérêt pour les animaux, a dû les mener promptement à la croyance qu’ils ont un langage. De là je ne vois plus qu’un pas à l’invention de la fable, c’est-à-dire, à l’idée de faire parler ces animaux pour les rendre les précepteurs des humains.

Montaigne a dit que notre sapience apprend des bêtes les plus utiles enseignements aux plus grandes et plus nécessaires parties de la vie. En effet, sans parler des chiens, des chevaux, de plusieurs autres animaux, dont l’attachement, la bonté, la résignation, devroient sans cesse faire honte aux hommes, je ne veux prendre pour exemple que les mœurs du chevreuil, de cet animal si joli, si doux, qui ne vit point en société, mais en famille ; épouse toujours, à la manière des Guèbres, la sœur avec laquelle il vint au monde, avec laquelle il fut élevé ; qui demeure avec sa compagne, près de son père et de sa mère, jusqu’à ce que, père à son tour, il