Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/54

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Qui produit un grand arbre, est pourtant plus petite
Que la feve, qui meurt à deux pieds du terrain ;
Enfin par quel secret mystere
Cette feve qu’on sème au hasard sur la terre
Sait se retourner dans son sein,
Place en bas sa racine & pousse en haut sa tige.
Tandis qu’il rêve & qu’il s’afflige
De ne point pénétrer ces importants secrets,
Il n’arrose point son marais ;
Ses épinards & sa laitue
Sechent sur pied ; le vent du nord lui tue
Ses figuiers qu’il ne couvre pas.
Point de fruits au marché, point d’argent dans la bourse ;
Et le pauvre docteur, avec ses almanachs,
N’a que son frère pour ressource.
Celui-ci, dès le grand matin,
Travailloit en chantant quelque joyeux refrain,
Béchoit, arrosoit tout du pêcher à l’oseille.
Sur ce qu’il ignoroit sans vouloir discourir,
Il semoit bonnement pour pouvoir recueillir.
Aussi dans son terrain tout venoit à merveille ;
Il avoit des écus, des fruits & du plaisir.
Ce fut lui qui nourrit son frère ;
Et quand Monsieur Jean tout surpris
S’en vint lui demander comment il savoit faire :