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PREMIERS ÉCRITS





AUX ÉLECTEURS DU DÉPARTEMENT DES LANDES[1].


(Novembre 1830.)


Un peuple n’est pas libre par cela seul qu’il possède des institutions libérales ; il faut encore qu’il sache les mettre en œuvre, et la même législation qui a fait sortir de l’urne électorale des noms tels que ceux de Lafayette et de Chantelauze, de Tracy et de Dudon, peut, selon les lumières des électeurs, devenir le palladium des libertés publiques ou l’instrument de la plus solide de toutes les oppressions, celle qui s’exerce sur une nation par la nation elle-même.

Pour qu’une loi d’élection soit pour le public une garantie véritable, une condition est essentielle : c’est que les électeurs connaissent leurs intérêts et veuillent les faire triompher ; c’est qu’ils ne laissent pas capter leurs suffrages par des motifs étrangers à l’élection ; c’est qu’ils ne regardent pas cet acte solennel comme une simple formalité, ou tout au plus comme une affaire entre l’électeur et l’éligible ; c’est qu’ils n’oublient pas complétement les conséquences d’un mauvais choix ; c’est enfin que le public lui-même sache se servir des seuls moyens répressifs qui soient à sa disposition, la haine et le mépris, pour ceux des élec-

  1. Pour appuyer la candidature de M. Faurie. (Note de l’éditeur)