Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/130

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On voit des hommes qui ont du superflu, d’autres qui n’ont pas le nécessaire, et l’on dit : « Si l’on mettait toutes ces richesses en commun, tout le monde serait heureux. » Quoi de plus simple et de plus séduisant, surtout pour ceux qu’affligent des privations réelles ; et c’est le grand nombre ?

Ce n’est pas notre intention de réfuter ici ce système, de montrer qu’il paralyserait complétement dans l’homme le mobile qui le détermine au travail, et tarirait ainsi pour tous la source du bien-être et du progrès ; mais nous croyons devoir prendre acte de la réfutation décisive qui en a été faite, dans le dernier numéro de l’Atelier, par des hommes qui appartiennent aux classes ouvrières.

C’est certainement un symptôme consolant de voir des systèmes subversifs repoussés et anéantis, avec une grande force de logique, par des hommes que le sort a placés dans une position telle qu’ils seraient plus excusables que d’autres s’ils s’en laissaient séduire. Cela prouve non-seulement leur sincérité, mais encore que l’intelligence, quand on l’exerce, ne perd jamais le noble privilége de tendre vers la vérité. Pour beaucoup de gens, le communisme n’est pas seulement une doctrine, c’est encore et surtout un moyen d’irriter et de remuer les classes souffrantes. En lisant l’article auquel nous faisons allusion, nous ne pouvions nous empêcher de nous rappeler avoir entendu un fougueux démocrate, appartenant à ce qu’on nomme la classe élevée, dire : « Je ne crois pas au communisme, mais je le prêche parce que c’est le levier qui soulèvera les masses. » Quel contraste !

Une chose nous surprend de la part des rédacteurs de l’Atelier, c’est de les voir s’éloigner de plus en plus de la doctrine de la liberté en matière d’échanges.

Ils repoussent le communisme, donc ils admettent la propriété et la libre disposition de la propriété, qui constitue