Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/136

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La bourgeoisie pourrait-elle aujourd’hui tenir ce langage ? Ne l’a-t-on pas vue, il n’y a pas plus de huit jours, décréter, en face d’une disette éventuelle, que les lois qui font obstacle à l’entrée des substances alimentaires animales n’en seraient pas moins maintenues ? Ne l’a-t-on pas vue prendre une telle résolution, sans admettre même le débat, comme si elle avait eu peur de la lumière, là où elle ne pouvait éclairer qu’un acte d’injuste égoïsme ?

La bourgeoisie persévère dans cette voie, parce qu’elle voit le peuple, impatient de beaucoup d’injustices chimériques, méconnaître la véritable injustice qui lui est faite. Pour le moment, les journaux démocratiques, abandonnant la cause sacrée de la liberté, sont parvenus à égarer ses sympathies et à les concilier à des restrictions dont il n’est victime qu’à son insu. Mais la vérité ne perd pas ses droits ; l’erreur est de nature essentiellement éphémère ; et le jour où le peuple ouvrira les yeux n’est peut-être pas éloigné. Pour le repos de notre pays, puisse-t-il n’apercevoir alors qu’une législation équitable[1] !


23. — RÉPONSE AU JOURNAL L’ATELIER.

12 Septembre 1847.

(Écrite en voyage et adressée à l’éditeur du Journal des Économistes.)

Si j’ai eu quelquefois la prétention de faire de la bonne économie politique pour les autres, je dois au moins renoncer à faire de la bonne économie privée pour moi-même. Comment est-il arrivé que, voulant aller de Paris à Lyon, je me trouve dans un cabaret par delà les Vosges ? Cela pourra vous surprendre, mais ne me surprend pas, moi qui ne vais jamais de la rue Choiseul au Palais-Royal sans me tromper.

  1. V. tome VI, chap. iv. (Note de l’éditeur.)