Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/242

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née à passer notre grande entreprise, c’est le dénigrement, qui s’attache toujours à la pensée généreuse qui cherche à se traduire en fait. Grâce au ciel, la valeur individuelle et l’ensemble imposant des noms, qui figureront ce soir au bas de notre acte de société, imposeront silence à bien des insinuations malveillantes. On dira bien, on a déjà dit que notre association est une copie, une pâle copie de la Ligue anglaise ; mais est-ce que les hommes de tous les pays, qui tendent au même but, ne sont pas amenés à prendre des moyens analogues ? Non, nous ne copions pas la Ligue, nous obéissons aux nécessités de notre situation. D’ailleurs, est-ce la première fois que Bordeaux élève la voix pour la liberté des échanges ? La Chambre de commerce de cette ville ne combat-elle pas depuis longues années pour cette cause ? Cette cause n’est-elle pas un des objets de l’Union vinicole qui s’est fondée dans la Gironde ? Si tant de nobles efforts ont échoué jusqu’ici, c’est qu’ils s’adressaient à la législation qui ne peut que suivre l’opinion publique. C’est donc pour poser la question là où elle doit être préalablement vidée, — devant le public, — que nous nous levons aujourd’hui ; et en cela, si nous imitons quelqu’un, c’est notre adversaire, le monopole. Il y a longtemps qu’il fait ce que nous faisons ; il y a longtemps qu’il a ses comités, ses finances, ses moyens de propagande, qu’il s’empare de l’opinion, et par elle de la loi. Nous l’imiterons en cela. Mais il y a une chose que nous ne lui emprunterons pas, c’est le mystère de son action. Il lui faut le secret, il lui faut des journaux achetés par-dessous main. À nous, il faut l’air, le grand jour, la sincérité.

Et puis, quand nous imiterions la Ligue en quelque chose ? Sommes-nous dispensés de bon sens et de dévouement parce qu’il s’est rencontré du bon sens en Angleterre ? Oh ! plaise à Dieu que nous empruntions à la Ligue ce qui fera sa gloire éternelle ! Plaise à Dieu que nous apportions à no-