Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/312

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avoir la houille, ce que vous avez à rémunérer, c’est la peine que prennent ceux qui l’extraient et la transportent, et ceux qui ont fait les instruments d’extraction ou de transport.

Tenons-nous donc pour assurés que ce ne sont pas les produits qui se payent, mais les services rendus à l’occasion des produits.

Vous me demanderez où je veux en venir et quel rapport il y a entre cette théorie et le libre-échange ; le voici :

S’il est vrai que nous ne payions que le service, cette part d’utilité que le travail a ajoutée au produit, et si nous recevons gratuitement, par-dessus le marché, toute l’utilité qu’a mise dans ce produit la coopération de la nature, il s’ensuit que les marchés les plus avantageux que nous puissions faire sont ceux où, pour un très-léger service humain, on nous donne, par-dessus le marché, une très-grande proportion de services naturels.

Si une marchandise m’est portée dans un bateau à voiles, elle me coûtera moins cher que si elle m’est portée dans un bateau à rames. Pourquoi ? parce que dans le premier cas il y a eu travail de la nature, qui est gratuit.

Afin de me faire comprendre complétement, il me faudrait exposer ici les lois de la concurrence. Cela n’est pas possible ; mais j’en ai dit assez pour vous montrer d’autres conséquences de cette théorie.

Elle doit détruire jusque dans leur germe les jalousies internationales. Remarquez ceci : la nature n’a pas distribué ses bienfaits sur le globe d’une manière uniforme ; un pays a la fertilité, un autre l’humidité, un troisième la chaleur, un quatrième des mines abondantes, etc.

Puisque ces avantages sont gratuits, on ne peut nous les faire payer. Par exemple, les Anglais, pour nous livrer une quantité donnée de houille, exigent de nous un service d’autant moindre, que la nature a été pour eux plus libé-