Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/360

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que celle-ci fût conforme à l’utilité générale et à la justice.

Est-ce là de l’exaltation, de l’exagération ? Est-ce là un plan conçu dans des cerveaux brûlés ? Et à moins qu’on ne veuille nous faire renoncer à notre principe, ce que nous ne ferons jamais tant qu’on ne nous en prouvera pas la fausseté, comment pourrait-on exiger de nous plus de modération et de prudence ?

La modération ne consiste pas à dire qu’on a une demi-conviction, quand on a une conviction entière. Elle consiste à respecter les opinions contraires, à les combattre sans emportement, à ne pas attaquer les personnes, à ne pas provoquer des proscriptions ou des destitutions, à ne pas soulever les ouvriers égarés, à ne pas menacer le gouvernement de l’émeute.

N’est-ce pas ainsi que nous la pratiquons ?


51. — PEUPLE ET BOURGEOISIE.


22 Mai 1847.


Les hommes sont facilement dupes des systèmes, pourvu qu’un certain arrangement symétrique en rende l’intelligence facile.

Par exemple, rien n’est plus commun, de nos jours, que d’entendre parler du peuple et de la bourgeoisie comme constituant deux classes opposées, ayant entre elles les mêmes rapports hostiles qui ont armé jadis la bourgeoisie contre l’aristocratie.

« La bourgeoisie, dit-on, était faible d’abord. Elle était opprimée, foulée, exploitée, humiliée par l’aristocratie. Elle a grandi, elle s’est enrichie, elle s’est fortifiée jusqu’à ce que, par l’influence du nombre et de la fortune, elle eût vaincu son adversaire en 89.

« Alors elle est devenue elle-même l’aristocratie. Au-