Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/408

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— Bien évidemment, à moins de ne laisser qu’un homme dans chaque métier.

— Donc, il faut n’y soustraire personne.

— Cela va tout seul. À chacun liberté de vendre, acheter, marchander, troquer, échanger, — honnêtement néanmoins.

— Eh ! mon ami, c’est ce qui s’appelle libre-échange.

— Pas plus malin que cela ?

— Pas plus malin que cela. (À part : En voilà un de converti.)

— En ce cas, vous pouvez déguerpir et me laisser tranquille avec votre libre-échange. Nous en jouissons complétement. Me donne sa pratique qui veut, et je donne la mienne à qui il me plaît.

— C’est ce qu’il nous reste à voir.


II


— Ah ! monsieur l’éconi… l’écona… l’éconé… comment diable s’appelle votre métier ?

— Vous voulez dire économiste.

— Oui, économiste. En voilà un drôle de métier ! Je gage qu’il rapporte plus que celui de cordonnier ; mais aussi, je lis quelquefois des gazettes où vous êtes joliment habillé ! Quoi qu’il en soit, vous faites bien de venir un dimanche. L’autre jour vous m’avez fait perdre un quart de journée, avec vos échanges.

— Cela se retrouvera. Mais en effet, vous voilà tout endimanché. Dieu ! le bel habit ! L’étoffe en est moelleuse. Où l’avez-vous prise ?

— Chez le marchand.

— Oui ; mais d’où le marchand l’a-t-il tirée ?

— De la fabrique, sans doute.