Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/421

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— Est-il désordonné ?

— À un degré incontestable.

— Se fait-il la guerre à lui-même ? Nourrit-il des factions, des sinécures, des abus ?

— Les factions le déchirent, les sinécures y pullulent, et c’est la terre des abus.

— Alors sa misère s’explique comme celle de Robinson.

— C’est trop simple. Je ne puis pas me contenter de cela. Le Moniteur industriel vous accommode les choses bien autrement. Ce n’est pas lui qui expliquerait la misère par le désordre et la paresse. Prenez donc la peine d’étudier la science économique pour en venir là[1] !…


61. — LE PETIT MANUEL DU CONSOMMATEUR OU DE TOUT LE MONDE.


(Ébauche inédite)


… 1847.


Consommer, — Consommateur, — Consommation, — vilains mots qui représentent les hommes comme des coureurs d’estaminet, sans cesse en face de la demi-tasse et du petit verre.

Mais l’économie politique est bien forcée de s’en servir. (Je parle des trois mots et non du petit verre.) Elle n’ose en faire d’autres, ayant trouvé ceux-là tout faits.

Disons pourtant ce qu’ils signifient. Le travail, celui de la tête comme celui du bras, a pour fin de satisfaire un de nos besoins ou de nos désirs. Il y a donc deux termes dans l’évolution économique : la peine et la récompense. Celle-ci est le produit de celle-là. Prendre la peine, c’est produire ; jouir de la récompense, c’est consommer.

On peut donc consommer l’œuvre de l’intelligence comme

  1. V. ci-dessus, le no 39, page 219. (Note de l’éditeur.)