Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/427

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On a dit que le producteur et le consommateur ne font qu’un.

Si l’on considère un produit isolé, il n’est certainement pas vrai que le producteur et le consommateur ne font qu’un ; et l’on peut avoir souvent le spectacle de l’un exploitant l’autre.

Si l’on généralise, l’axiome est parfaitement exact, et c’est en cela que consiste l’immense déception qui se rencontre au bout de toute injustice, de toute atteinte à la liberté ; le producteur, en voulant rançonner le consommateur, se rançonne lui-même.

Il est des gens qui croient qu’il y a compensation. Non, il n’y a pas compensation : d’abord, parce qu’aucune loi ne peut faire à chacun une part égale d’injustice, ensuite, parce que dans l’opération de l’injustice il y a toujours une déperdition de jouissances, surtout lorsque cette injustice consiste, comme dans le régime restrictif, à déplacer le travail et les capitaux, à diminuer la récompense générale sous prétexte d’accroître le travail général.

En résumé, avez-vous deux lois, deux systèmes à comparer, si vous consultez l’intérêt du producteur, vous pouvez faire fausse route ; si vous consultez l’intérêt du consommateur, vous ne le pouvez pas. Il n’est pas toujours bon d’accroître la généralité des efforts ; il n’est jamais mauvais d’accroître la généralité des satisfactions…


62. — REMONTRANCE.


Auch, le 30 Août 1847.


Mes chers collaborateurs,

Quand la fatigue ou le défaut de véhicules me retient dans une ville, je fais ce que tout voyageur consciencieux