Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/442

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bon principe ; il n’y a qu’à examiner si elle sympathise avec toutes celles, sous quelque degré de latitude que ce soit, qui ont adopté un principe identique.

Telles sont les associations pour le libre-échange. Un de nos collègues peut aller à Madrid, à Lisbonne, à Londres, à New-York, à Saint-Pétersbourg, à Berlin, à Florence et à Rome, même à Pékin ; s’il y a dans ces villes des associations pour le libre-échange, il en sera certainement bien accueilli. Ce qu’il dit ici, il le peut dire là, bien sûr de ne froisser ni les opinions, ni même les intérêts comme ces associations les comprennent. Entre les libre-échangistes de tous les pays, il y a, en cette matière, unité de foi.

En est-il de même parmi les protectionnistes ? Malgré la communauté des idées ou plutôt des arguments, lord Bentinck, venant de voter l’exclusion des bestiaux français, agissait-il conformément aux vues de nos éleveurs ? Celui qui repoussait au parlement notre rouennerie serait-il bienvenu au comité de Rouen ? Ceux qui soutiendront l’année prochaine l’acte de navigation et les droits différentiels dans l’Inde exciteront-ils l’enthousiasme de nos armateurs ? Supposez qu’un membre du comité Odier soit introduit au sein de l’association espagnole pour la défense du travail national ; que pourra-t-il dire ? quelle parole pourra-t-il prononcer sans trahir ou les intérêts de son pays ou ses propres convictions ? Conseillera-t-il aux Espagnols d’ouvrir leurs ports et leurs frontières aux produits de nos manufactures ? de ne pas s’en tenir à la fausse doctrine de la balance du commerce ? de ne point considérer comme avantageuses les industries qui ne se soutiennent que par des taxes sur la communauté ? Leur dira-t-il que les faveurs douanières ne créent pas des capitaux et du travail, mais les déplacent seulement et d’une manière fâcheuse ? Un tel abandon de principes et de dignité personnelle sera peut-être applaudi par ses coreligionnaires de France (car nous