Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/484

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Et, en vérité, cela me semble si clair, que j’aurais honte de me livrer à cet égard à une longue démonstration, si des faits éclatants ne me prouvaient que cette démonstration est nécessaire.

Car quel spectacle nous offre le pays ?

À l’Hôtel-de-Ville la curée des places, au Luxembourg la curée des salaires. Là, ignominie ; ici, cruelle déception.

Quant à la curée des places, il semble que le remède serait de supprimer toutes les fonctions inutiles, de réduire le traitement de celles qui excitent la convoitise ; mais on laisse cette proie tout entière à l’avidité de la bourgeoisie, et elle s’y précipite avec fureur.

Aussi qu’arrive-t-il ? Le peuple, de son côté, le peuple des travailleurs, témoin des douceurs d’une existence assurée sur les ressources du public, oubliant qu’il est lui-même ce public, oubliant que le budget est formé de sa chair et de son sang, demande, lui aussi, qu’on lui prépare une curée.

De longues députations se pressent au Luxembourg, et que demandent-elles ? L’accroissement des salaires, c’est-à-dire, en définitive, une amélioration dans les moyens d’existence des travailleurs.

Mais ceux qui assistent personnellement à ces députations, n’agissent pas seulement pour leur propre compte. Ils entendent bien représenter toute la grande confraternité des travailleurs qui peuplent nos villes aussi bien que nos campagnes.

Le bien-être matériel ne consiste pas à gagner plus d’argent. Il consiste à être mieux nourri, vêtu, logé, chauffé, éclairé, instruit, etc., etc.

Ce qu’ils demandent donc, en allant au fond des choses, c’est qu’à dater de l’ère glorieuse de notre révolution, chaque Français appartenant aux classes laborieuses ait plus de pain, de vin, de viande, de linge, de meubles, de fer, de combustible, de livres, etc., etc.