Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/92

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est inévitable qu’il reçoive une moindre rémunération.

Les protectionnistes diront, sans doute, que nous altérons leur théorie ; qu’ils n’ont jamais poussé l’absurdité au point de préconiser la disette ; qu’ils désirent comme nous l’abondance, mais seulement celle qui est le fruit du travail national.

À quoi nous répondrons que l’abondance dont jouit un peuple est toujours le fruit de son travail, alors même qu’il aurait cédé quelques-uns des produits de ce travail contre une égale valeur de produits étrangers.

Quoi qu’il en soit, la question n’est pas ici de comparer la disette à l’abondance, la cherté au bon marché, dans toutes leurs conséquences, mais seulement dans leurs effets sur le taux des salaires.

Disent-ils ou ne disent-ils pas que le bon marché des subsistances entraîne le bon marché des salaires ? N’est-ce pas sur cette assertion qu’ils s’appuient pour enrôler à leur cause la classe ouvrière ? N’affirment-ils pas tous les jours que les manufacturiers anglais ont voulu ouvrir les portes aux denrées venues du dehors, dans l’unique but de réduire le taux de la main-d’œuvre ?

Nous désirons et nous demandons instamment qu’une enquête soit ouverte sur les fluctuations du salaire et sur le sort des classes laborieuses, dans le cours de cette année. C’est le moyen de vider, une fois pour toutes et par les faits, la grande question qui divise les partisans de la restriction et ceux de la liberté[1].

  1. V. ci-après, no 46, le second discours prononcé à Lyon, et, au tome VI, le chap. xiv. (Note de l’éditeur.)