Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/145

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rée par la législature aux personnes protégées. Quand on y regarde de près, en effet, on s’aperçoit que tout se réduit à décourager quelques branches d’industrie pour en encourager d’autres, c’est-à-dire à gratifier de certaines faveurs des classes déterminées. (Ici l’orateur examine l’influence des lois restrictives sur la propriété, le fermage et la main-d’œuvre.) Si l’on considère les conséquences des lois-céréales relativement à l’industrie, on ne peut nier qu’elles n’aient pour objet direct de la contenir dans de certaines limites. Le but qu’on se propose, avec une intention bien arrêtée, c’est de prévenir l’émancipation et l’accroissement des classes industrieuses, d’abord pour conserver aux landlords des rentes exagérées, ensuite pour les maintenir dans leur position au plus haut degré de l’échelle sociale. (Applaudissements.) Je répète que les landlords ont pour but de conserver cet ascendant qu’ils exercent sur le pays, ascendant qu’ils ne doivent certes pas à leurs talents ou à leur supériorité ; ils le veulent conserver néanmoins pour demeurer à toujours les dominateurs des classes moyennes et laborieuses. (Applaudissements.) Ils voient d’un œil d’envie les progrès de la richesse et de l’intelligence parmi les classes rivales, et, dans leur fol amour des distinctions féodales, ils ont fait des lois pour assurer leur domination. (Bravos prolongés.) On a dit encore que nous proposions une mesure violente, et que, en égard aux tenanciers et aux capitaux engagés dans l’agriculture, il ne fallait pas, par trop de précipitation, ajouter aux embarras de la situation actuelle. Je réponds, dans l’intérêt des tenanciers eux-mêmes, que rien ne saurait leur être plus profitable que l’abrogation absolue et immédiate de la loi. (Assentiment.) C’est dans leur intérêt surtout qu’il faut renouveler entièrement les bases de notre police commerciale. Des changements périodiques et successifs ne feraient, pour ainsi dire, qu’organiser le désordre. Il vaut mieux pour eux que la révolution s’opère complètement et d’un seul coup. Puisqu’on reconnaît la justice du principe de la liberté commerciale, je le demande, pourquoi refuse-t-on de le mettre en pratique ? C’est en réclamant, d’une manière absolue, l’abrogation immédiate et totale de toutes les lois restrictives ; c’est en suivant cette ligne de con-