Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/263

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Répondez : ce qui est plus essentiel, c’est que ce grand pays ait du fer.

— Si l’on vous dit : Il est indispensable qu’un grand pays ait l’industrie du drap.

Répondez : Ce qui est plus indispensable, c’est que, dans ce grand pays, les citoyens aient du drap.

— Si l’on vous dit : Le travail c’est la richesse.

Répondez : C’est faux.

Et, par voie de développement, ajoutez : Une saignée n’est pas la santé ; et la preuve qu’elle n’est pas la santé, c’est qu’elle a pour but de la rendre.

— Si l’on vous dit : Forcer les hommes à labourer des roches et à tirer une once de fer d’un quintal de minerai, c’est accroître leur travail et par suite leur richesse.

Répondez : Forcer les hommes à creuser des puits en leur interdisant l’eau de la rivière, c’est accroître leur travail inutile, mais non leur richesse.

— Si l’on vous dit : Le soleil donne sa chaleur et sa lumière sans rémunération.

Répondez : Tant mieux pour moi, il ne m’en coûte rien pour voir clair.

— Et si l’on vous réplique : L’industrie, en général, perd ce que vous auriez payé pour l’éclairage.

Ripostez : Non ; car n’ayant rien payé au soleil, ce qu’il m’épargne me sert à payer des habits, des meubles et des bougies.

— De même si l’on vous dit : Ces coquins d’Anglais ont des capitaux amortis.

Répondez : Tant mieux pour nous, ils ne nous feront pas payer l’intérêt.

— Si l’on vous dit : Ces perfides Anglais trouvent le fer et la houille au même gîte.

Répondez : Tant mieux pour nous, ils ne nous feront rien payer pour les rapprocher.