Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/221

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but secret d’une restauration monarchique, souffle le désespoir parmi les classes travailleuses.

C’est ici surtout que je me propose de vous faire voir comment l’intérêt, de légitime devient illégitime ; et, ce qui vous surprendra bien davantage encore, comment le crédit payé, dès l’instant qu’il ne se fait pas voleur, qu’il ne réclame que le prix qui lui est légitiment dû, devient crédit gratuit.

Quel est le capital de la Banque de France ?

D’après le dernier inventaire, 90 millions.

Quel est le taux légal, convenu entre la Banque et l’État, pour les escomptes ? — 4 p. 100 l’an.

Donc le produit annuel, légal et légitime de la Banque de France, le juste prix de ses services, c’est, pour un capital de 90 millions à 4 p. 100 l’an, 3 millions 600 mille francs de revenu.

3,600,000 francs, voilà suivant la fiction de la productivité du capital, ce que le commerce français doit chaque année à la Banque de France en rémunération de son capital, qui est de 90 millions.

Dans ces conditions, les actions de la Banque de France sont comme des immeubles qui rendraient régulièrement 40 francs de revenu : émises à 1,000 francs, elles valent 1,000 francs.

Or, savez-vous ce qui arrive ?

Consultez le même inventaire : vous y verrez que lesdites actions, au lieu d’être cotées 1,000 fr., le sont à 2,400. — Elles étaient, la semaine dernière, à 2,445 ; et, pour peu que le portefeuille se remplit, elle monteraient à 2,500 et 3,000 fr. — Ce qui veut dire que le capital de la Banque, au lieu de lui rapporter 4 pour 100, taux légal et convenu, produit 8, 10 et 12 pour 100.

Le capital de la Banque s’est donc doublé, triplé ? — C’est, en effet, ce qui devrait avoir lieu d’après la théorie