Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/195

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sonne, ou, ce qui revient au même, qu’il a payé à d’autres. Ce sont certainement là des services qui, en vertu de la juste loi de réciprocité, doivent lui être remboursés. Or, ce propriétaire n’a jamais été rémunéré, du moins intégralement. Il ne pouvait pas l’être par le premier qui est venu lui acheter un hectolitre de blé. Quel est donc l’arrangement qui est intervenu ? Assurément le plus ingénieux, le plus légitime et le plus équitable qu’on pût imaginer. Il consiste en ceci : Quiconque voudra obtenir un sac de blé, payera, outre les services des différents travailleurs que nous avons énumérés, une petite portion des services rendus par le propriétaire ; en d’autres termes, la Valeur des services du propriétaire se répartira sur tous les sacs de blé qui sortiront de ce champ.

Maintenant on peut demander si cette rémunération, supposée être ici de quatre francs, est trop grande ou trop petite. Je réponds : Cela ne regarde pas l’économie politique. Cette science constate que la valeur des services du propriétaire foncier se règle absolument par les mêmes lois que la valeur de tous les autres services, et cela suffit.

On peut s’étonner aussi que ce système de remboursement morcelé n’arrive pas à la longue à un amortissement intégral, par conséquent à l’extinction du droit du propriétaire. Ceux qui font cette objection ne savent pas qu’il est dans la nature des capitaux de produire une rente perpétuelle ; c’est ce que nous apprendrons plus tard.

Pour le moment, je ne dois pas m’écarter plus longtemps de la question, et je ferai remarquer (car tout est là) qu’il n’y a pas dans mes seize francs une obole qui n’aille rémunérer des services humains, pas une qui corresponde à la prétendue valeur que la nature aurait introduite dans le blé en y mettant l’utilité.

Mais si, vous appuyant sur l’axiome de Say et des économistes anglais, vous dites : Sur les seize francs, il y en a