Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/232

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doit comprendre ces deux utilités réunies ou la dernière seulement.

Si l’on pouvait faire, une fois pour toutes, deux classes d’utilités, mettre d’un côté toutes celles qui sont gratuites, et de l’autre toutes celles qui sont onéreuses, on ferait aussi deux classes de Richesses, qu’on appellerait richesses naturelles et richesses sociales avec M. Say ; ou bien, richesses de jouissance et richesses de valeur avec M. de Saint-Chamans. Après quoi, comme ces écrivains le proposent, on ne s’occuperait plus des premières.

« Les biens accessibles à tous, dit M. Say, dont chacun peut jouir à sa volonté, sans être obligé de les acquérir, sans crainte de les épuiser, tels que l’air, l’eau, la lumière du soleil, etc., nous étant donnés gratuitement par la nature, peuvent être appelés richesses naturelles. Comme elles ne sauraient être ni produites, ni distribuées, ni consommées, elles ne sont pas du ressort de l’économie politique.

Celles dont l’étude est l’objet de cette science se composent des biens qu’on possède et qui ont une valeur reconnue. On peut les nommer Richesses sociales, parce qu’elles n’existent que parmi les hommes réunis en société. »

« C’est de la richesse de valeur, dit M. de Saint-Chamans, que s’occupe spécialement l’économie politique, et toutes les fois que dans cet ouvrage je parlerai de la richesse sans spécifier, c’est de celle-là seulement qu’il est question. »

Presque tous les économistes l’ont vu ainsi :

« La distinction la plus frappante qui se présente d’abord, dit Storch, c’est qu’il y a des valeurs qui sont susceptibles d’appropriation, et qu’il y en a qui ne le sont point[1].

  1. Toujours cette perpétuelle et maudite confusion entre la Valeur et l’Utilité. Je puis bien vous montrer des utilités non appropriées, mais je vous défie de me montrer dans le monde entier une seule valeur qui n’ait pas de propriétaire.