Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/29

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Capitalistes et ouvriers, je me crois en mesure d’établir cette loi : « À mesure que les capitaux s’accumulent, le prélèvement absolu du capital dans le résultat total de la production augmente, et son prélèvement proportionnel diminue ; le travail voit augmenter sa part relative et à plus forte raison sa part absolue. L’effet inverse se produit quand les capitaux se dissipent[1] » — Si cette loi est établie, il en résulte clairement l’harmonie des intérêts entre les travailleurs et ceux qui les emploient.

Disciples de Malthus, philanthropes sincères et calomniés, dont le seul tort est de prémunir l’humanité contre une loi fatale, la croyant fatale, j’aurai à vous soumettre une autre loi plus consolante : « Toutes choses égales d’ailleurs, la densité croissante de population équivaut à une facilité croissante de production. » — Et s’il en est ainsi, certes, ce ne sera pas vous qui vous affligerez de voir tomber du front de notre science chérie sa couronne d’épines.

Hommes de spoliation, vous qui, de force ou de ruse, au mépris des lois ou par l’intermédiaire des lois, vous engraissez de la substance des peuples ; vous qui vivez des erreurs que vous répandez, de l’ignorance que vous entretenez, des guerres que vous allumez, des entraves que vous imposez aux transactions ; vous qui taxez le travail après l’avoir stérilisé, et lui faites perdre plus de gerbes que vous

  1. Je rendrai cette loi sensible par des chiffres. Soient trois époques pendant lesquelles le capital s’est accru, le travail restant le même. Soit la production totale aux trois époques, comme : 80 — 100 — 120. Le partage se fera ainsi :
    Part du capital. Part du travail. Total.
    Première époque : 45 35 80
    Deuxième époque : 50 50 100
    Troisième époque : 55 65 120

    Bien entendu, ces proportions n’ont d’autre but que d’élucider la pensée.