Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/305

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vité, de toute liberté, de toute dignité, de toute sagacité. Vous prétendez tuer la concurrence ; mais prenez garde, vous ne faites que la transformer. On concourt aujourd’hui à qui travaillera plus et mieux. On concourra, sous votre régime, à qui travaillera plus mal et moins.

Le communisme méconnaît la nature même de l’homme. L’effort est pénible en lui-même. Qu’est-ce qui nous y détermine ? Ce ne peut être qu’un sentiment plus pénible encore, un besoin à satisfaire, une douleur à éloigner, un bien à réaliser. Notre mobile est donc l’intérêt personnel. Quand on demande au communisme ce qu’il y veut substituer, il répond par la bouche de Louis Blanc : Le point d’honneur, — et par celle de M. Cabet : La fraternité. Faites donc que j’éprouve les sensations d’autrui, afin que je sache au moins quelle direction je dois imprimer à mon travail.

Et puis qu’est-ce qu’un point d’honneur, une fraternité, mis en œuvre dans l’humanité entière par l’incitation et sous l’inspection de MM. Louis Blanc et Cabet ?

Mais je n’ai pas ici à réfuter le communisme. Tout ce que je veux faire remarquer, c’est qu’il est justement l’opposé, en tous points, du système que j’ai cherché à établir.

Nous reconnaissons à l’homme le droit de se servir lui-même, ou de servir les autres à des conditions librement débattues. Le communisme nie ce droit, puisqu’il centralise tous les services dans les mains d’une autorité arbitraire.

Notre doctrine est fondée sur la Propriété. Le Communisme est fondé sur la spoliation systématique, puisqu’il consiste à livrer à l’un, sans compensation, le travail de l’autre. En effet, s’il distribuait à chacun selon son travail, il reconnaîtrait la propriété, il ne serait plus le Communisme.

Notre doctrine est fondée sur la liberté. À vrai dire, propriété