Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/106

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Quant du Tyrant seant en hault,
A cestuy-là rien ne demande ;
Le saige ne veult que contende,
Contre puissant, pouvre homme las,
Affin que ses filez ne tende,
Et que ne tresbuche en ses laqs.

CXXXIII.

Gontier ne crains : il n’a nulz hommes
Et mieulx que moy n’est herité ;
Mais en ce debat cy nous sommes,
Car il loue sa pouvreté :
Estre pouvre, yver et esté,
A felicité il repute,
Ce que tiens à malheureté.
Lequel à tort ? Or en dispute.


BALLADE
Intitulée : Les Contredictz de Franc-Gontier

Sur mol duvet assis, ung gras chanoine,
Lez ung brasier, en chambre bien nattée,
A son costé gisant dame Sydoine,
Blanche, tendre, pollie et attaintée :
Boire ypocras, à jour et à nuyctée,
Rire, jouer, mignonner et baiser,
Et nud à nud, pour mieulx des corps s’ayser,
Les vy tous deux, par un trou de mortaise :
Lors je congneuz que, pour dueil appaiser,
Il n’est tresor que de vivre à son aise.