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ATTRIBUÉES A VILLON.

S’en ce printemps, queles feuilles et flours
Et arbrynceaux percent nouvellement,
Amours vouloit moy faire ce secours,
Que les branches qui font empeschement,
Il retranchast du tout entierement,
Pour y enter ung rynceau de plaisance,
Il gecteroit bourgeons de souffisance ;
Joye en istroit, dont il n’est rien plus chier ;
Et ne fauldroit jà, par desesperance,
Autre planter, ne celuy arrachier.

ENVOI.

Ma princesse, ma première esperance,
Mon cueur vous sert en dure pénitence.
Faictes le mal qui l’acqueult retranchier,
Et ne souffrez en vostre souvenance
Autre planter, ne celuy arrachier.


XIX. BALLADE.

Plaisant assez, et des biens de fortune
Ung peu garny, me trouvay amoureux,
Voire si bien, que, tant aymay fort une,
Que nuit et jour j’en estois langoureux.
Mais tant y a, que je fus si heureux
Que, moyennant vingt escus à la rose,
Je fis cela que chacun bien suppose.
Alors je dis, connoissant ce passage :
« Au fait d’amours, babil est peu de chose ;
Riche amoureux a tousjours l’advantage. »

Or est ainsy que, durant ma pecune,
Je fus traite comme amy precieux ;
Mais, tost après, sans dire chose aucune,

François Villon.
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