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Séance du 10 avril 1793

ciers également perfides, des Witencok[1], des Hermigies[2], des Ligonier[3]. Il montre sur-tout dans ses choix une prédilection singulière pour les étrangers, pour les sujets des despotes, nos ennemis, et quelquefois même pour les parens de nos tyrans. Grâce à ces criminelles machinations, les troubles se prolongent, et la victoire coûte beaucoup de sang aux républicains ; on vient nous dire que le calme pourra être rétabli dans six semaine, ou deux mois. Deux mois de guerre civile et de massacres des plus zélés patriotes, quand l’infâme Dumouriez conspirait contre nous dans la Belgique, avec les despotes de l’Europe et tous les ennemis de l’intérieur ! Dumouriez, qui nous annonçait avec une insolente satisfaction que, dès le moment où l’équinoxe serait passé, nos départemens maritimes seraient envahis par les Anglais. Encouragés par tant d’attentats, les royalistes relevaient par-tout une tête audacieuse, et osaient menacer les amis de la liberté.

Hé ! pourquoi non ! ne pouvaient-ils pas compter sur l’ascendant que la faction exerçait au sein de la Convention nationale ? N’était-ce pas elle qui depuis long-tems dépravait l’esprit public, dans les départemens révoltés ? et les massacres de la Bretagne, et le fanatisme royal et religieux qui égarait les habitans des campagnes, n’étaient-ils pas les dignes fruits des écrits empoisonnés qu’elle avait semés sur la surface de cette importante contrée, de la correspondance perfide des députés qui suivaient sa bannière ; enfin, des persécutions suscitées à tous es vrais républicains ? N’était-ce pas elle qui, chaque jour, cherchait à dégoûter le peuple de la révolution, en aggravant sa misère ; qui repoussait toutes les mesures nécessaires pour réprimer la fureur de l’agiotage, pour assurer la subsistance publique, pour mettre un frein à l’excès des accaparemens ? N’était-ce pas elle qui fesait, défesait les ministres, protégeait tous leurs crimes, et multipliait les conspirateurs par l’impunité ? N’était-ce pas elle qui, à la place des loix bienfaisantes que sollicitaient les besoins pressans de la patrie, ne nous donnait que des déclamations, des libelles et des crimes.


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  1. Voir ci-dessus, p. 339, note 19.
  2. D’Hermigny, serait vraisemblablement le oommandant de gendarmerie qui, en 1792, eut des démêlés avec plusieurs députés patriotes, dont Goupilleau. Royaliste ardent, ses exploits furent denoncés à la société des Jacobins. Inquiété après le 10 août, il aurait échappé aux massacres de septembre, et trouvé, grâce à Servan qu’il fréquentait, un emploi dans l’armée, em Bretagne, ou il put exercer, à loisir, son rôle d’espion royaliste.
  3. Ligonier, commandait une division de l’armeé du gêneral Berruyer, en Vendée ; il subit un échec à Coron et à Vézin en avril 1793 et fut relevé de ses fonctions. Le 27 avril, des délégués du département de Mayenne-et-Loire dénoncèrent sa conduite et celle de son chef Berruyer ; Marat, qu prétend que Ligonier est Anglais, l’attaqua avec violeince (Mon., XVI, 247).