Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 9.djvu/398

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à-vis des membres de la Convention présens au comité, du rôle de médiateur auprès de son correspondant et de son ami Dumouriez. Là nous avons vu Pétion embrasser avec chaleur la défense de Miranda ; et après que j’eus dénoncé ce général, et Steigen et Lanoue, se lever en courroux, en s’écriant que l’on dénonçait toujours sans preuves ; et le siège de Maëstricht était levé, et l’armée trahie à Aix-la-Chapelle, et la Belgique livrée à nos ennemis ; et c’était le moment où on délibérait sur la révolte déclarée de Dumouriez !

Là nous avons vu le même jour Brissot, pour toutes mesures de salut public, déclarer que la Convention nationale avait perdu la confiance publique ; que son unique devoir était de faire bien vite la constitution et de partir. Je l’ai entendu proposer de s’arranger dans le comité de défense générale, sur les divers articles de la constitution qui pouvaient partager les avis, et de les faire ensuite adopter d’emblée par la Convention, pour éviter, disait-il, des débats scandaleux. Là nous avons vu les chefs de la faction refuser ensuite de discuter la conduite de Dumouriez, pour proposer un rapprochement entre ses amis et ses adversaires ; et sous le prétexte de s’expliquer, de renouveler toutes les calomnies dont ils avaient tant de fois souillé la tribune et les papiers publics. Nous avons entendu les ministres apporter à ce comité des nouvelles et des projets illusoires concertés d’avance avec eux ; nous avons vu le ministre de la guerre déclamer contre l’insubordination des soldats, sans vouloir convenir de la perfidie des généraux, citer pour preuve de leur républicanisme la fameuse blessure de Valence[1] ; nous l’avons entendu faire l’éloge du système défensif ; nous garantir la neutralité de la Savoie et du comté de Nice, comme si ces deux départemens français étaient pour nous des contrées étrangères. Nous l’avons entendu préparer une trahison ultérieure, et nous annoncer d’avance la retraite de Custine[2]. Nous l’avons entendu répéter tous les lieux communs de Dumouriez sur l’éloignement des Belges pour la révolution française, et le comité approuvé beaucoup toutes ces vues. Nous avons entendu surtout Brissot, à ce propos-là même, déclarer que nous étions trop heureux que l’esprit public des Belges ne fût pas plus français, par

  1. Cyrus Marie Alexandre de Timburne-Timbronne, comte de Valence, avait épousé en 1786 la fille cadette de Mme de Genlis. Ancien château des évêques du Mans à Yvré-l’Evêque (Voir Abbé Gi) Il fut nommé premier écuyer du duc d’Orléans et colonel des dragons de Chartres. Il était maréchal de camp en 1790. Il acheta l’aurault, la noblesse émigrée et ses pertes foncières dans la Sarthe, in-8°, 1957, p. 127). Lors de la bataille de Neerwinden, il aurait reçu trois coups de sabre sur la tête (Mon., XV, 772).
  2. Sur les opérations sur le Rhin, voir A. Chuquet, L’expédition de Custine.