ALCIBIADE
Cela est hors de doute.
SOCRATE
C’est donc par un art que nous prenons soin d’un objet en lui-même, et par un autre art, de ce qui se rapporte à cet objet ?
ALCIBIADE
C’est évident.
SOCRATE
Ce n’est donc pas lorsque tu prends soin de ce qui t’appartient que tu prends soin de toi-même ?
ALCIBIADE
Nullement, en effet.
SOCRATE
Car ce n’est pas, comme nous venons de le prouver, par le même art qu’on prend soin de soi-même et de ce qui se rapporte à soi.
ALCIBIADE
Évidemment non.
SOCRATE
XXIV. — Allons, maintenant. Par quel art pourrions-nous prendre soin de nous-mêmes ?
ALCIBIADE
Je ne saurais le dire.
SOCRATE
En tout cas, nous sommes d’accord sur ceci du moins, que ce n’est point par l’art qui nous permettrait d’améliorer quoi que ce soit de ce qui est à nous, mais par celui qui nous améliorerait nous-mêmes.
ALCIBIADE
Tu dis vrai.
SOCRATE
Maintenant, aurions-nous jamais su quel art améliore la chaussure, si nous ne connaissions pas la chaussure ?
ALCIBIADE
Impossible.