Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/172

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je t’abandonne. Ce que je crains en effet le plus, c’est que, devenu amoureux du peuple, tu ne te gâtes. C’est ce qui est arrivé déjà à beaucoup d’Athéniens de valeur ; car « le peuple du magnanime Erechthée »27 a belle apparence, mais il faut le voir nu. Prends donc les précautions que je te conseille.

ALCIBIADE

Lesquelles ?

SOCRATE

Exerce-toi d’abord, bienheureux Alcibiade, et apprends ce qu’il faut savoir pour aborder la politique, et attends d’en être instruit, si tu veux l’aborder avec les contrepoisons voulus pour qu’il ne t’arrive rien de fâcheux.

ALCIBIADE

Il me semble que tu as raison, Socrate. Et maintenant essaye de m’expliquer de quelle façon nous pourrions prendre soin de nous-mêmes.

SOCRATE

Nous avons déjà fait un pas en avant, quand nous avons à peu près reconnu ensemble ce que nous sommes, tandis que nous avions peur que, venant à nous tromper sur ce point, nous ne nous occupions à notre insu d’autre chose que de nous-mêmes.

ALCIBIADE

C’est exact.

SOCRATE

Nous sommes convenus ensuite que c’est de l’âme qu’il faut prendre soin et que c’est cela qu’il faut avoir en vue.

ALCIBIADE

Évidemment.

SOCRATE

Et que pour le corps et les richesses, il faut en laisser le soin à d’autres.

ALCIBIADE

C’est incontestable.