Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/260

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quelques heures au tribunal à plaisanter et à rire. Mais, s’ils prennent la chose au sérieux, comment cela tournera-t-il ? Nul ne le sait, sauf vous, les devins.

EUTHYPHRON

Mais peut-être cela ne sera rien, Socrate, et tu conduiras ton procès au gré de tes désirs, comme moi, le mien.

SOCRATE

IV. — Au fait, quelle est ton affaire à toi, Euthyphron ? Es-tu défendeur ou accusateur ?

EUTHYPHRON

Je suis accusateur.

SOCRATE

Qui accuses-tu ?

EUTHYPHRON

Quelqu’un de tel qu’on va me prendre encore pour un fou.

SOCRATE

Quoi donc ? Poursuis-tu quelqu’un qui ait des ailes ?

EUTHYPHRON

Il s’en faut de beaucoup : c’est justement un vieillard très âgé.

SOCRATE

Qui est-ce ?

EUTHYPHRON

C’est mon père.

SOCRATE

Ton père, mon excellent ami ?

EUTHYPHRON

Oui, lui.

SOCRATE

Sur quel grief ? De quoi l’accuses-tu ?

EUTHYPHRON

D’homicide, Socrate.

SOCRATE

Ô Hèraclès ! Certainement, Euthyphron, la foule ignore ce qu’est la justice ; car je n’imagine pas que le premier