Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/500

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Socrate

Mais quoi ! quand Homère dit qu’Hécamède, concubine de Nestor, donne à boire un breuvage à Machaon blessé et s’exprime à peu près ainsi :

« (Elle mêla d’eau) le vin de Pramne, et racla dessus du fromage de chèvre avec une râpe d’airain, et elle servit aussi de l’oignon pour exciter à boire »,

est-ce à l’art du médecin ou à celui du rhapsode de juger si Homère parle juste ou non ici ?

Ion

À l’art du médecin.

Socrate

Et quand Homère dit :

« Et elle entra dans l’abîme comme le plomb qui, fixé à la corne d’un bœuf parqué au grand air, s’enfonce impétueusement, portant le malheur parmi les poissons voraces »,

est-ce l’art du pêcheur ou celui du rhapsode qui est le plus propre à juger du contenu de ces vers et à décider s’il est exact ou non ?

Ion

Evidemment, Socrate, c’est l’art du pêcheur.

Socrate

Mais vois, supposons que tu m’interroges à ton tour et que tu me demandes : Puisque tu trouves dans Homère, Socrate, des choses dont le jugement appartient à chacun de ces arts, eh bien, trouve-moi aussi quelles sont les choses relatives au devin et à la divination dont un devin est à même de juger et de dire si elles sont représentées exactement ou non, vois, dis-je, quelle réponse facile et juste je vais te faire. Homère parle de la divination en maint endroit, par exemple dans l’Odyssée, où le devin de la race de Mélampus, Théoclymène, tient ce langage aux prétendants :

« Malheureux, quel est ce mal dont vous souffrez ? vos têtes, vos visages et vos membres sont enveloppés de