Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ALCIBIADE

À la bonne heure, Socrate. Mais voici une couronne dont je veux ceindre ta tête, parce que je crois que tu m’as donné un bon conseil. Quant aux dieux, nous leur donnerons d’autres couronnes et toutes les autres offrandes d’usage quand je verrai ce jour-là venu, et il viendra bientôt, s’ils le veulent.

SOCRATE

Eh bien, je l’accepte, et j’accepterai avec plaisir tout ce qui me viendra de toi. Euripide fait dire à Créon, quand il a vu Tirésias avec ses guirlandes et appris qu’il les a reçues, à cause de son art, comme prémices des dépouilles de l’ennemi :

« Je prends pour un bon augure ces guirlandes triomphales ; car nous sommes dans une grande tempête, comme tu le sais 12. »

Je fais comme lui et je regarde comme un bon augure cette pensée que tu as eue ; car je crois que je ne suis pas dans une moindre tempête que Créon et je voudrais triompher de tes amoureux.

Notes

1. Cf. Eschyle, les Sept contre Thèbes, 720-6 : « J’ai peur que celle qui détruit les maisons, la déesse si peu semblable aux déesses, la prophétesse trop véridique de malheurs, l’Érinys, appelée par les vœux d’un père, n’accomplisse les imprécations courroucées d’Œdipe en démence : c’est à leur perte que ce conflit jette ses fils. » (Traduction de P. Mazon). Ces imprécations ont été rapportées dans le poème de la Thébaïde (Cycli reliquiæ, Didot, p. 587). Cf. aussi Euripide, Phéniciennes, 66-8.

2. Imitation d’Homère, Iliade, 224 : « En allant à deux, l’un voit avant l’autre ce qui les fera réussir. »

3. Archélaos, fils naturel de Perdiccas, s’empara du trône par une série de crimes, comme on peut le voir dans le Gorgias 471 a-c, mais, au dire de Thucydide (II, 100), il administra son royaume excellemment.

4. Les termes entre guillemets sont empruntés à Homère, Odyssée, 1, 32-5, où Zeus dit dans l’assemblée des dieux :

« De quels griefs les mortels ne chargent-ils pas les dieux ! C’est de nous, à les entendre, que viennent leurs maux ; mais c’est par leur démence qu’ils sont frappés plus que ne voulait leur destin. » (Traduction Dufour et Raison.)

5. Ces vers se retrouvent dans l’Anthologie palatine, 10, 108 ; mais l’auteur en est inconnu.

6. Oreste tua sa mère, Clytemnestre, pour venger son père, Agamemnon, qu'elle avait assassiné, et Alcméon, fils d'Amphiaraos et d'Ériphyle, tua sa mère, qui avait engagé son époux à prendre part à la guerre contre Thèbes, où il périt.

7. Les mots entre guillemets sont une citation tirée de l’Antiope, tragédie perdue d’Euripide.

8. Citation tirée du Margitès, poème héroï-comique, que les anciens attribuaient à Homère, et dont il ne nous reste qu’un petit nombre de fragments.

9. C'est assez l’habitude de Platon de rejeter la vraie pensée des poètes pour y substituer une interprétation tout à fait erronée. C’est ainsi qu’il fausse la pensée de Simonide au premier livre de la République, 331 c-332.

10. Ces vers sont tirés de l’Iliade, VIII, 548-552.

11. Citation de l’Iliade, V, 127.

12. Euripide, Phéniciennes, 858-9.