Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/84

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ntraire, quand Ulysse dit la vérité, c’est toujours à mauvaise intention qu’il la dit, et toutes les fois qu’il ment, il en est de même.

SOCRATE

S’il en est ainsi, c’est Ulysse, à ce qu’il semble, qui est meilleur qu’Achille.

HIPPIAS

Pas du tout, Socrate, bien certainement.

SOCRATE

Eh quoi ? n’a-t-il pas été prouvé tout à l’heure que ceux qui mentent volontairement sont meilleurs que ceux qui le font involontairement ?

HIPPIAS

Et comment admettre, Socrate, que ceux qui sont volontairement injustes, volontairement malintentionnés et qui font le mal soient meilleurs que ceux qui le font sans le vouloir ? On montre au contraire beaucoup d’indulgence pour ceux qui ont été injustes, ont menti ou fait quelque autre mauvaise action sans le vouloir, et les lois sont assurément beaucoup plus sévères pour ceux qui font le mal volontairement que pour ceux qui le font involontairement.

SOCRATE

XV. — Tu vois, Hippias, que je dis la vérité quand je parle de ma ténacité à questionner les savants, et il se peut que, fort médiocre en tout le reste, je n’aie que cette unique qualité ; car je me trompe sur la réalité des choses et je ne sais pas ce qu’elle est. J’en ai une preuve convaincante, c’est que, quand je me trouve avec quelqu’un de vous qui êtes réputés pour votre science et dont tous les Grecs attestent l’habileté, il apparaît que je ne sais rien ; car il n’y a pour ainsi dire rien sur quoi j’aie la même opinion que vous. Or quelle meilleure preuve d’ignorance que de différer d’opinion avec ceux qui savent ? Mais j’ai une qualité merveilleuse, qui m