Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/107

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amitié qui nous unit et de ce que nous pouvons peser à la balance des événements les progrès de notre affection.

Lettre 10

ENNODIUS A JEAN

Conseils littéraires et compliments discrets.

Je te rendrais volontiers la pareille si l’échange de louanges ne devenait une gêne pour un cœur ami. Nous risquerions fort de paraître faire assaut de compliments intéressés et de voir notre affection mutuelle taxée de flatterie. Ainsi notre amitié serait vicieuse, car elle ferait nous accorder à nous-même ce qu’il convient de ne donner qu’aux autres. Si nos amis ont quelques mérites, il convient de les taire dans notre correspondance intime, en sorte que même nos confidences soient à l’abri des vanités de la louange. J’ai certes ailleurs où je puis célébrer tes mérites assez haut pour qu’il me soit permis de ne t’en rien dire à toi-même. Ce silence, cher ami, c’est mon affection pour toi qui me l’impose. Elle m’inspire de te laisser ignorer ce que je pense de ton talent. Il me serait trop facile de me conformer au goût du temps, de publier