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CONJURATION DE CATILINA

la patrie, pour la liberté, pour la vie, que nous luttons. Eux, il leur est indifférent de combattre pour l’autorité de quelques citoyens. Attaquez donc audacieusement, et souvenez-vous de votre ancienne valeur.

Nous pouvions, accablés de honte, traîner notre vie dans l’exil : quelques-uns même de vous auraient pu à Rome, dépouillés de leurs biens, attendre pour vivre l’assistance d’autrui. Cette existence honteuse n’était pas tolérable pour des hommes. Vous avez préféré celle-ci ; si vous voulez la faire cesser, il est besoin d’audace. Nul, s’il n’est vainqueur, ne fait succéder la paix à la guerre (133) ; car espérer le salut dans la fuite, alors que vous aurez détourné de l’ennemi les armes qui vous défendent, c’est pure démence. Toujours, dans le combat, le plus grand péril est pour les plus timides ; l’intrépidité tient lieu de rempart (134).

Soldats, lorsque mes yeux s’arrêtent sur vous, et que je me retrace vos exploits, j’ai le plus grand espoir de vaincre. Votre ardeur, votre âge, votre valeur, excitent ma confiance, sans compter la nécessité, qui seule donne du courage aux plus timides. D’ailleurs, la multitude des ennemis ne peut nous envelopper dans un lieu si resserré. Toutefois, si la fortune trahissait votre courage, gardez-vous de périr sans vengeance ; et, plutôt que de vous laisser prendre pour être égorgés comme de vils troupeaux, combattez en hommes, et ne laissez à l’ennemi qu’une victoire sanglante et douloureuse ».

LIX. Après ce discours, qui fut suivi de quelques moments de silence, Catilina fait sonner les trompettes, et conduit ses