Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/101

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Et je voudrais mourir comme eux, l’âme ravie,
En chantant noblement sur les fleuves aimés.
Ô musique ! Des bois, des vergers embaumés,
S’échappe une chanson puissante qui m’enivre.
Là-bas, des gens m’ont dit, un jour, qu’on pouvait vivre
Sans écouter le bruit des arbres triomphaux ;
Mais, bien sûr, ils se sont moqués de moi. C’est faux,
Car, moi je le sais bien, il faut, pour que l’on vive,
Mêler sa voix à la rumeur gaie ou plaintive
De la bonne forêt, des brises et des eaux.
Ô mon Dieu ! je voudrais être tous les oiseaux.

Il écoute chanter un rossignol.

Rossignol ! Il s’en va ; les bêtes sont méchantes !

Il se tourne vers les arbres, les mains jointes comme pour prier le rossignol.

Je voudrais tant savoir la chanson que tu chantes !

Il est adossé à un arbre, comme en extase. Oriane sort à demi des buissons et fait signe à Doriette de rester cachée.
Oriane.
Nuit langoureuse ! Odeur lointaine des moissons,

Extase ! Ah ! je suis folle. Il est temps. Punissons
L’insulteur !

Elle va vers Silvère.

L’insulteur ! Tiens ! il dort. Une magicienne
L’aura touché peut-être, ou quelque égyptienne