Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/122

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« Et je connais ma honte immense, et j’y consens.
Vous n’aviez pas besoin d’assaillir les murailles
Et d’éveiller les fleurs par vos appels puissants,
Je me souviens assez des antiques batailles.

« Mais nul renom de roi conquérant et de preux
Ne vaut l’orgueil amer des secrètes tortures !
L’amour seul peut remplir mon grand cœur ténébreux,
Divinement élu pour les douleurs obscures. »

Tel le captif, parmi les roses des balcons,
Parle aux guerriers. L’armée invincible recule.
Les casques d’or cimés d’aigles et de faucons
S’éloignent. Des hérauts, dans le fier crépuscule,

Proclament le départ vers des combats nouveaux,
Et le prince enfermé dans son palais de rêve
Regarde au loin, parmi les furieux chevaux,
S’enfuir le char désert où se rouille son glaive.

Octobre 1889.