Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/155

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Il se tut un moment ; puis, avec la voix grave de ceux qui se souviennent :

« Autrefois, j’en avais pris une, délicieusement frêle, et je la tenais souvent dans mes bras, le soir. Je lui avais tant dit de choses très douces, que j’avais fini par croire qu’elle les comprenait ; et j’avais tant essayé de la réchauffer avec des baisers que je la croyais vivante. Mais j’ai bien vu après qu’elle était aussi, comme les autres, une Poupée pleine de son.

« Longtemps j’ai espéré que quelque Fantoche ferait un geste nouveau, dirait une parole que les autres n’eussent point dite. Maintenant, je suis fatigué de leur souffler mes rêves. Je m’ennuie et je voudrais bien m’en aller de ce Magasin de jouets où ils m’ont enfermé. Je vous en supplie, si vous le pouvez, emmenez-moi dehors, là où il y a des Êtres vivants..... »

1885.