Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/173

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sans doute — silencieuse et déserte. Alors les soldats, abaissant leurs piques, entrèrent paisiblement, et ils marchèrent longtemps près des murailles herbeuses et des portes closes, le long des rues solennelles. À la fin, sur une place, devant un temple colossal, un vieillard s’avança : « Étrangers, dit-il, vous êtes venus dans un lieu austère. Si vous êtes impurs et avides, allez-vous-en vers les fastueuses cités de l’Asie. Vous ne trouverez ici ni des trésors à piller, ni des vierges à violer. Allez-vous-en ; car c’est ici la ville des dieux. Pourtant s’il vous reste encore, ô guerriers des pays heureux, quelque souci du ciel lointain, venez vers les lampes que nul vent terrestre n’éteindra, dans le sanctuaire où, comme un auguste lion captif, la Divinité consent aux regards des hommes. »

Les soldats lassés et surpris murmurèrent. Cependant, à cause des longues marches accomplies, ils se décidèrent à passer la nuit auprès des feux allumés dans la cité surnaturelle. Mais ils ne purent dormir parce que la pensée du dieu prochain les troublait.

C’est pourquoi, peu à peu, le temple s’emplit de foule insolente attendant la vision di-