Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/233

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gazons bleus, près de l’eau d’ombre et d’argent, Marcia parut. À partir de cette nuit, ils se revirent toutes les nuits dans le Jardin du Fleuve. Et dans les solitudes envahies d’herbes violentes, ils s’aimèrent d’un sauvage amour.

II

Marcia était veuve. Son vieux mari était mort dans l’année nuptiale et elle vivait loin du monde dans l’antique palais, solitaire désormais, où l’on avait célébré naguère les fêtes du mariage. De silencieux serviteurs l’entouraient ; des chevaux noirs paissaient en liberté dans les cours herbeuses de sa maison ; des oiseaux rares chantaient dans ses volières, et la grande salle du palais, la salle où l’on n’entrait plus depuis la mort du maître, était pavée de porphyre et d’or. Selon la coutume des patriciens du pays, Marcia daignait s’enrichir encore. Et des flottes faisaient pour elle de lucratifs