Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/249

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C’était une prophétie que le grand prêtre lui-même avait recueillie autrefois quand il suivait sur les routes syriennes le dernier des Voyants, celui qui fut nourri par des colombes et qu’un cheval noir ravit vers l’Idumée. Au son des harpes et des flûtes, l’Inspiré avait chanté : « Dans la dixième année de l’exil, le troisième jour du mois d’Éloul, quand les aloès éclos sur les parvis éclateront en fleurs merveilleuses, le voyageur descendra des collines, des collines ensanglantées de roses, des collines purifiées de lys.

« Le vengeur entrera dans les villes au bruit des buccins d’or proclamant l’heure des justes massacres, au bruit des flûtes d’ébène soupirant l’heure de l’éternelle paix.

« Le vengeur surgira dans une grande ville blanche près d’un lac paisible et fleuri.

« Et vous le trouverez penché sur la margelle de la fontaine, parmi les oiseaux étrangers. »

Les rabbins méditèrent, la face cachée sous les voiles. À la fin, un d’eux fit signe qu’il voulait parler. Celui-là était rabbi Iéhouda, fils d’Éléazar.

« La dixième année est révolue, dit-il, depuis que nous avons fui Hiérouschalaïm,