Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/291

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née d’homme, quand on n’a plus de besogne terrestre à faire, quand on commence à entendre autour de soi bruire vaguement comme de grandes eaux lointaines l’inconnu, le surnaturel, le divin, passer sur cette place, et voir là figé pour jamais l’être mortel qu’on est ! Ah ! quand même le sculpteur m’aurait grandi à la taille des géants, je n’aurais pu subir sans trembler l’hiératique avertissement d’humilité que m’eût jeté cette statue. J’aurais songé chaque soir, en passant devant le monument : « Tu n’es en somme que cela. » Toute ma faiblesse de créature m’eût été chaque soir reprochée par l’Arminius de pierre. On dit, Walter, que Zoroastre marchant dans les jardins de l’Iran rencontra son propre spectre. Sans doute, en ces temps-là, le Mage était triomphant et sacré au loin pour les peuples. Devant cette vision de lui-même, brusquement apparue dans la claire nuit, le Mage recula d’épouvante…

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