Page:Œuvres de Bacon, II.djvu/391

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DE LA SAGESSE DES ANCIENS. PRÉFACE DE L’AUTEUR. Les événements de l’antiquité la plus reculée, à l’exception toutefois de ceux qui se Irouvent consignés dans les livres saints, ont élé ensevelis dans l’oubli le plus profond. A ce silence qne l’histoire garde sur les temps primitifs ont succédé les fables des poètes, et à ces fictions les histoires qui sont entre nos mains ; en sorte que ces fables sonl comme un voile tendu entre cette antiquité si re¬ culée, dont la mémoire est entièrement effacée, et les temps ulté¬ rieurs dont l’histoire s’est conservée. La plupart de mes lecteurs sans doute s’imagineront que ce traité n’est qu’un pur jeu d’esprit et n’a pour objet que le simple amusement ; qu’en expliquant ces fables je prends les mêmes licences que les poetes ont prises en les inventant, conjecture d’autant plus naturelle que si tels eussent élé mon but et mon plan je n’aurais fait après lout qu’user de mes droits en mêlant quelquefois, par forme de distraction et de dé¬ lassement, à des recherches plus difficiles, ces explications qui sont le fruit de mes méditations et de mes lectures. Je n’ignore pas non plus combien une lelle matière’est souple et ductile, ni combien il est facile, avec un peu d’adresse el de sagacité, de controuver des analogies imaginaires, et d’attribuer avec assez de vraisemblance, aux inventeurs de ces fictions, des idées qu’ils n’ont jamais eues. Enfin je sais que les interprétations de ce genre doivent être d’au¬ tant plus suspectes qu’on a dans tous les temps abusé des facilités qu’on trouvait à cet égard ; car un assez grand nombre d’écrivains 1. Bacon dédia cet ouvrage à Robert Cecil, comte de Salisbury, Jon cousin gcrrriam par sa mère, et à l’université de Cambridge. L’édition latine contient quatre chapitres de plus que la traducUon française. Ces chapitres ont pour titres Pan, ou la nature ; Persée, ou la querre ; Denys, ou la passion, Métis, ou le t onsnl. Nous avons cru devoir les omettre parce qu’ils se trouvent déjà, et avec des déi e- loppements, les trois premiers dans le second livre du De auymentis. au chap. 13 (voyea la première série de celte édition de Bacon), et le dernier dans l’ebsai 20’) intitulé Du Conseil et des conseiîs d’Étkt. ED.