Page:Œuvres de Bacon, II.djvu/83

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et tout mouvement au progrès cache qui s’opère par une cause évidente, dans une matière connue jusqu’à ce que sa forme s’y trouve, depuis l’instant ou ces causes commencent à agir jusqu’à a celui ou la forme est introduite et aussi la découverte de la texture cachée des corps considérés dans l’état de repos et abstraction faite de leurs mouvements.


II S’il pouvait rester quelque doute sur le triste état des sciences aujourd’hui en vogue, certaines maximes fort connues en feraient foi, car c’est une maxime recue et très-fondée que la véritable science est celle qui a pour base la connaissance des causes. On distingue aussi avec raison quatre sortes de causes, savoir la matiere, la forme, l’efficient, et la fin. Mais quant à la cause finale, tant s’en faut qu’il soit utile de la considérer fréquemment dans les sciences, que c’est cette considération même qui les a le plus sophistiquées, si on excepte celle qui a pour objet les actions humaines. En second lieu, la découverte des formes est regardée comme impossible. Quant aux causes matérielles et efficientes, je veux parler des causes éloignées de l’une et de l’autre espèce, les seules que l’on cherche aujourd’hui et dont on se contente trop aisément, sans envisager le progrès cache vers la forme, ce sont toutes notions peu approfondies, tout à fait superficielles et insuffisantes pour parvenir à une science réelle, à une science.

1 Voici comment M.Bouillet dans son édition latine de Bacon (II p 483) explique les quatre termes techniques qui sont employés dans cet aphorisme « ces quatre termes nature forme progrès caché (latens processus) texture cachée (latens schematismus) qui se rencontrent très souvent dans les ouvrages de Bacon, sont comme la clef de toute sa doctrine physique. Une nature c’est une propriété, une qualité quelconque d’une substance comme par exemple la chaleur, la couleur, la blancheur, etc… La forme d’une nature ou d’une propriété c est la condition essentielle de l’existence de cette propriété. Le principe d’on elle découle principe que l’on détermine en assignant la propriété plus générale dont celle-ci n’est qu’une modification ou une limitation. Une telle condition est la loi de la production de cette propriété. Le progrès caché c’est la série des opérations internes par le quelles une substance passe d un état à un autre sous l’action d’une


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? dont on a pu voir la première application mais dont l’opération ultérieure échappe à l’observation. La texture cachée c’est l’arrangement caché des dernières molécules, la constitution intime d’un corps, constitution en vertu de laquelle un corps est par exemple plus ou moins dense, solide ou liquide, etc… Aux mots latens schematismus, Bacon ajoute quiescenlium, et non un motu pour faire comprendre que le schematismus ne désigne que la manière d’être des substances considérées dans la simple disposition de leurs molécules et soustraire son corps de de tout mouvement. Voyez pour la forme l’aphorisme 5 du ler livre et les apli 2, 3 et 7 du 2ème livre pour le progrès caché les apli 5 et 6 et pour la texture cachée apli 7 —M.Bouillet dit encore (d’abord p483) et Bacon n’entend pas exactement par loi ce qu on entend aujourd’hui l’expression générale d’un phénomène constant dans la nature il emploie ce mol dans son sens propre pour une prescription, prescription qui ordonne soit à la nature soit à l’air de remplir telle condi— tion pour produire tel effet prescription qui peut être formulée comme une loi sous la forme impérative et qui peut avoir ses paragraphes si pour l’exprimer il ne suffit pas d’indiquer une seule condition essentielle mais qu’il en faille énumérer plusieurs. LD