Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/106

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REPONSE DE BLAISE PASCAL

Aa très bon révérend père Noël, Recteur, de la Société de Paris, à Paris.

��Mon très révérend père,

L'honneur que vous m'avez fait de m'escrire me faict rompre le dessein que j'avois faict de ne résoudre aucune des diffîcultez que j'ay rapportées dans mon abbrégé, que dans le traie té entier où je travaille ; car, puis que les civilitez de vostre lettre sont jointes aux objections que vous m'y faictes, je ne puis partager ma response, ni reconnoistre les unes, sans satisfaire aux autres.

Mais, pour le faire avec plus d'ordre, permettez moy de vous rapporter une reigle universelle, qui s'applique à tous les subjets particuliers, oii ils'agist de recognoistre la vérité. Je ne doubte pas que vous n'en demeuriez d'accord, puisqu'elle est receuë gé- néralement de tous ceux qui envisagent les choses sans préoccupation ; et qu'elle faict la principale de la façon dont on traite les sciences dans les escoles, et celle qui est en usage parmy les personnes qui recherchent ce qui est véritablement solide et qui remplit et satisfait plainement l'esprit : c'est qu'on ne doibt jamais porter un jugement décisif de la né- gative ou de l'affirmative d'une proposition, que ce que l'on affirme ou nye n'ayt une de ces deux condi- 4;ions ; sçavoir, ou qu'il paroisse si clairement et si

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