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PRÉFACE SUR LE TRAITÉ DU VIDE

doute ils auroient tiré les mesmes consequences que nous et les auroient par leur aveu authorisées de cette antiquité dont on veut faire aujourd’hui l’unique principe des sciences.

C’est ainsi que, sans les contredire, nous pouvons asseurer le contraire de ce qu’ils disoient[1] et, quelque force enfin qu’ait cette antiquité, la verité doit toujours avoir l’advantage, quoy que nouvellement descouverte, puisqu’elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu’on en a euës, et que ce seroit ignorer sa nature de s’imaginer qu’elle ait commencé d’estre au temps qu’elle a commencé d’estre conneuë[2].





    méridien dans l’Amérique du Sud. La densité du métal pur est de plus de 24 ; celle de l’or est seulement de 19,5.

  1. Guiffart avait dit : « Ce respect ne nous doit pas attacher à leurs opinions avec une affection si aveugle que la verité en quelque façon que elle se descouvre, nous faisant voir leur mesconte, nous ne luy donnions les mains, et ne contribuions à nous destromper, comme ils auroient fait sans doute, s’ils avoient esté convaincus du contraire. » (Discours sur le vuide, p. 3.)
  2. Dans un sens voisin Descartes soutient, à la fin des Principes de Philosophie (p. iv, §§ 200) « que ce traitté ne contient aucuns principes qui n’ayent esté receus de tout temps de tout le monde, en sorte que cette philosophie n’est pas nouvelle, mais la plus ancienne et la plus commune qui puisse estre. » Voir aussi le fragment de Roberval, supra, p. 49.