Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/204

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188 OEUVRES

Cet espace, dit-il, n'est ny Dieu, ny créature. Les mis- teres qui concernent la Divinité sont trop saints pour les profaner par nos disputes ; nous devons en faire l'objet de nos adorations, et non pas le sujet de nos entretiens : si bien que, sans en discourir en aucune sorte, je me soumets entièrement à ce qu'en déci- deront ceux qui ont droit de le faire * .

Ni corps, ni esprit. Il est vray que l'espace n'est ny corps, ny esprit; mais il est espace : ainsy le tems n'est ny corps, ny esprit : mais il est tems : et comme le tems ne laisse pas d'estre, quoy qu'il ne soit au- cune de ces choses, ainsi l'espace vuide peut bien estre, sans pour cela estre ny corps, ny esprit.

Ny substance, ny accident. Cela est vrai, si l'on entend par le mot de substance ce qui est ou corps ou esprit; car, en ce sens, l'espace ne sera ny sub- stance, ni accident; mais il sera espace, comme, en ce mesme sens, le tems n'est ni substance, ni acci- dent; mais il est tems, parce que pour estre, il n'est pas nécessaire d'estre substance ou accident : comme plusieurs de leurs Pères soutiennent : que Dieu n'est ny l'un ny l'autre, quoy qu'il soit le sou- verain Estre.

Qui transmet la lumière sans estre transparant. Ce discours a si peu de lumière, que je ne puis l'apper- cevoir : car je ne comprends pas quel sens ce père donne à ce mot transparant, puisqu'il trouve que l'es- pace vuide ne l'est pas. Car, s'il entend par la trans-

��I, Voir lo fragment de Préface peur un Traite du vide^ supru, p. i3i.

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