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gieuse, ma très chère sœur, parce que vous adhérez de tout voslre cœur à la volonté que Dieu vous a donnée ; mais vous cesseriez de l'estre, si vous vouliez prévenir le temps de Dieu, et le moment qu'il a mis en sa puissance et auquel il a attaché toutes les grâces qu'il vous veut faire en cet estât.»

II. LeUfehvrieri650.

« Il n'y a rien à craindre pour une personne qui ne prétend rien au monde, sinon de chercher trop les satisfactions de son esprit. »

III. A mademoiselle, mademoiselle Paschal,

De Port-Royal du S^-Sacrem*, ce 20 febvrier.

Ma très chère Sœur, « Monsieur Singlin a receu vostre lettre dans un grand embaras d'affaires joint à un voyage qu'il a esté obligé de faire à Port-Royal des champs pour aler quérir Nostre Mère. Je croy que vous en serez bien aise et que cette joye vous fera agréer de n'avoir point de responce de luy. C'est aussy une maxime que Monsieur Singlin n'a du temps que pour les choses nécessaires, et que Dieu ne luy en ayant point donné pour respondre à vostre cas de conscience, c'est à dire qu'il n'y a point trouvé de péril, car autrement il eut donné se- cours à sa bonne fille qui n'a rien à craindre durant qu'elle craindra. Je dis vous, ma chère sœur ; car il m'a donné charge de vous dire que les choses dont vous vous plaignez ne vous sçauroient faire de mal tandis qu'elles n'entreront point dans vostre cœur, et je croy qu'il est trop à Dieu pour estre capa- ble d'admettre des choses de cette nature. Tout ce que vous avez à faire dans la veuë que vous en avez, c'est de vous confon- dre devant Dieu de ce que les choses qui vous devroient faire rougir devant luy sont capables de vous donner de la complai- sance. C'est un efPect de la providence de Dieu que vous n'ayez point eu peine pendant que vous en aviez d'autres, et que vous n'estiez pas encore assez affermie dans vostre dessein, ce qui vous auroit peut estre fait succomber à cette tentation, au lieu qu'elle vous est maintenant estrangere, Dieu vous ayant

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