Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/89

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5. Qu’il n’est pas plein d’une petite portion du vif argent ou de l’eau, qui, estant tirée d’un costé par les parois du verre, et de l’autre par la force de la liqueur, se rarefie et se convertit en vapeurs ; en sorte que cette attraction reciproque fasse le mesme effet que la chaleur qui convertit ces liqueurs en vapeur, et les rend volatilles20.

6. Qu’il n’est pas plein des esprits de la liqueur qui remplit le tuyau.

7. Qu’il n’est pas plein d’un air plus subtil meslé parmy l’air exterieur, qui, en estant détaché et entré par les pores du verre, tendroit tousjours à y retourner ou y seroit sans cesse attiré.

8. Que l’espace vuide en apparence n’est remply d’aucune des matieres qui sont connuës dans la Nature, et qui tombent sous aucun des sens.


abbregé de la conclusion, dans laquelle je donne mon sentiment


Apres avoir demonstré qu’aucunes des matières qui tombent sous nos sens, et dont nous avons connoissance, ne remplissent cet espace vuide en apparence, mon sentiment sera, jusques à ce qu’on m’aye montré l’existance de quelle matiere qui le remplisse, qu’il est veritablement vuide, et destitué de toute matiere.

C’est pourquoy je diray du vuide véritable ce que j’ay montré du vuide apparent, et je tiendray pour

20. Ibid., p. 28.